Né en 1896, à Rivière-Ouelle, J.T. Alfred LeBel a passé une partie de son enfance avec sa famille aux États-Unis, comme de nombreux autres Canadiens français de l’époque, et il en est revenu bilingue. Ce qui lui facilita l’accès comme télégraphiste au CN, à l’âge de 18 ans. La voie ferrée le conduisit jusqu’à Saint-Charles-de-Bellechasse, où il rencontra celle qui deviendra sa femme, Blanche Roy.
Après avoir œuvré comme télégraphiste à différentes stations du CN, dont celles de l’Islet et de Trois-Pistoles, pour ne nommer que celles-là, il aboutit à sa première affectation comme chef de gare (agent de station) à Rivière-Bleue, en 1938.
Ce cheminement le conduit vers un trop court séjour à Rivière-Bleue, de 1938 à 1943, mais responsabilités familiales obligent, il ne peut décliner une promotion qui s’offre à lui. Deux garçons de la famille perpétueront la vocation de leur père sur la voie ferrée comme télégraphistes.
À cette époque, la gare ne renferme ni salle de bain ni toilette à eau. Il fait donc pression sur les autorités du CN pour moderniser les lieux afin qu’ils soient adaptés aux besoins de sa grande famille et aussi pour le bien-être des clients du CN.
Avec l’aide de ses bons voisins et la participation des autorités du CN, il a fait construire le premier terrain de tennis du village, converti en patinoire l’hiver, juste en face de la gare, de l’autre côté de la voie ferrée; la salle d’attente servait de salle de repos pour les sportifs. Ce fut une première à Rivière-Bleue, la gare étant devenue le lieu de rencontre des jeunes sportifs et des amis de la famille LeBel, toujours accueillis avec plaisir. Les salles d’attente étaient aussi toutes désignées pour l’initiation aux combats de boxe que se livraient les cinq garçons de la famille.
Écologiste avant l’heure, il a planté des arbres partout où il est passé, y compris à Rivière-Bleue, tout près de la station, et sur le terrain de jeu adjacent au terrain de tennis, de l’autre côté de la voie ferrée.
L’activité ferroviaire étant la plus importante à l’époque jusqu’à ce qu’elle soit concurrencée par le réseau d’autoroutes, c’est ainsi que la gare est devenue le principal lieu de rassemblement après l’église de la paroisse.
En effet, le chemin de fer prit la relève du cabotage au début du vingtième siècle et céda sa place à la fin du siècle à l’autoroute (camionnage) et à l’aviation. Durant cet intermède, la gare devint le lieu de rencontre et un milieu accueillant, entre autres, par la volonté du chef de gare et par la création d’un environnement sportif. On ne peut oublier aussi le plaisir des longues promenades du dimanche après-midi, jour de congé, sur la track (la voie ferrée, comme on l’appelait à l’époque).
Il quitta Rivière-Bleue pour une nouvelle promotion à l’Isle-Verte, avant de jeter l’ancre à Trois-Pistoles, où il prit sa retraite en 1961.
Tous ceux qui ont eu la chance de grandir près des chemins de fer en ont toujours été marqués profondément. Toute la famille se souvient avec beaucoup de nostalgie de Rivière-Bleue et de ses coparoissiens qu’elle n’a jamais oubliés.
La station du CNR, une gare qui a été un foyer si chaleureux pour la famille LeBel, et J.T. Alfred LeBel, un chef de gare qui a si bien servi ses gens.