Un pionnier, John Morrison

Dès 1858,  John Morrison, originaire du Nouveau-Brunswick et d’ascendance écossaise, s’installe près du Beau Lac pour y faire chantier et cultiver un lot. Comme plusieurs de son époque, il concilie le travail forestier et le travail de la ferme. Ce lot appartiendra plus tard à Edmond O’Leary. Le bois coupé dans la région est alors acheminé vers des scieries du côté du Nouveau-Brunswick.

Les premiers moulins de Rivière-Bleue

Le lac Beau, le lac Long, les rivières Saint-François et Bleue et même le ruisseau de l’École sont propices aux moulins à scie. À partir de 1908, ils poussent comme des champignons dans la région. La première scierie de Rivière-Bleue, le moulin Morneau, fonctionne dès 1908. L’année suivante, Augustin Quenneville installe le premier moulin à vapeur de la région.

Avec l’arrivée du chemin de fer, l’industrie forestière prend son plein essor. Principal pilier de l’économie, elle devient le gagne-pain de nombreuses familles.

Le siècle des moulins

En 1912, au moulin Aubut au lac Long, 16 employés fabriquent des traverses de chemin de fer qui sont ensuite acheminées vers Boston.

En 1913, la plus importante industrie du Témiscouata s’implante : la Blue River Lumber Co. Ltd., embauchant une centaine d’employés. En 1930, elle vend ses propriétés et ses limites forestières à la Fraser Realties, pendant que la D’Auteuil Lumber Co. s’associe à Pierre Landry Ltée. En 1945, le moulin Simard s’établit près du village. Aujourd’hui, une seule entreprise subsiste: le groupe NBG.

Au feu !

En 1933, le moulin Fraser brûle ce qui entraîne la destruction d’une partie du village. Il faut attendre le wagon-pompe du Canadien National basé à Edmundston pour maîtriser l’incendie. Une fois reconstruit, le moulin est vendu à Beaupré-Durette-Guérette en 1940, puis démantelé et réinstallé à Estcourt.

Des travailleurs outillés

Au début du 20e siècle, la vie de chantier est difficile. Les hommes s’absentent de leur foyer pendant des mois. Les camps sont rudimentaires et le confort, inexistant. L’outillage est manuel : la hache, le godendard et le bucksaw sont maniés par des hommes forts. Les billes sont tirées par des chevaux. Au printemps, c’est la drave !

L’industrie du sciage par contre est très tôt mécanisée. Pour le bardeau, on utilise encore aujourd’hui les méthodes de sciage et d’empaquetage d’antan.

La paye du forestier

Les travailleurs forestiers sont payés à la tâche. En 1927, un scieur de bardeaux reçoit 0,22 $ par toise (6 pieds) et un « buncheux » reçoit 0,14 $.

Léo Dubé et Ernest Thériault, qui scient 120 toises, touchent à l’époque 26,40 $ par semaine. Victor Saint-Onge et Napoléon Montgrain, qui « bunchent » 123 toises, reçoivent 17,22 $.

En 1989, le scieur de bardeaux perçoit 5,05 $ par toise sciée et l’empaqueteur 3,60 $ par toise.