Ah ! Les patates ! Saviez-vous qu’à l’automne 1943, 20 chars de patates furent expédiés sur le grand marché de Montréal ? Ceci dû à l’initiative de l’agronome Josaphat Bilodeau. Ayant remarqué que certaines terres sableuses étaient intéressantes pour cette culture, l’agronome développa avec les agriculteurs des champs de culture à Rivière-Bleue, Sully, Estcourt et Les Étroits. Malheureusement cette culture tomba en oubli et il ne resta que l’agriculteur Joseph Beaulieu pour la poursuivre jusqu’à la fin des années 50. Six arpents de long, trois arpents de large d’une belle »Montagne verte », blanche et fleurie à souhait.

Revenons à Monsieur Bilodeau. Notre curé Belzile, ancien directeur de l’École Moyenne d’Agriculture de Rimouski, mena une étude sur l’état de l’agriculture dans notre paroisse et dans les paroisses avoisinantes. Soutenu par le maire Alphonse Beaulieu, il soumit un plan de rénovation agricole au Ministère qui l’accepta. Mais pour le mener à bien il lui fallait un agronome. C’est ainsi que Josaphat Bilodeau, jeune agronome de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, vient s’installer à Rivière-Bleue, en 1934, au 36 Saint-Joseph Sud. Études des sols, épandage de chaux et d’engrais,
démonstration de machinerie , journées agricoles d’où naîtront le Cercle agricole, la Beurrerie
coopérative, le Cercle des jeunes agriculteurs et l’UCC (1941), culture de la pomme de terre, et jardins communautaires : ce fut l’âge d’or de l’agriculture à Rivière-Bleue et dans la région.

Une région que l’abbé Talbot, alors curé de St-Antonin, visita dans les années 1860 à la demande de familles voulant s’y établir. Il y rencontra les Morrison et les Nadeau nouvellement arrivés. Dans son rapport au ministre, il écrit : « J’ai visité durant quatre jours, les terres situées entre les dits lacs (Pohénégamook et Beau Lac). Les environs de la Rivière-St-François et de la rivière-Bleue ; j’ai parcouru cette dernière jusqu’à dix milles de son embouchure, et je puis vous assurer avec toute la sincérité que vous devez attendre de moi, qu’il n’y a peut-être pas, dans le Bas-Canada de terres plus avantageuses ».

Mais c’est la forêt qui créera notre région. Quant à la pomme de terre, c’est au Maine que cela se passera. Et là, c’est une autre histoire : celle des familles qui partaient chaque automne aux États pour ramasser les patates. J’aimerais bien vous en jaser. Alors, si vous êtes de ces familles, contactez-moi que l’on cause et puis que je raconte.

Le jaseur des rivières
(Laurette Beaulieu)